Le monde s’effondre ou la crise profonde de la valeur

L’humanité de tous temps a été plus ou moins influencée par deux phénomènes aux contours plutôt approximatifs qui sont la sacralité et la transcendance.

La sacralité va se résumer essentiellement à deux aspects.

La sacralité de l’être est le premier aspect. Son impact va moduler orienter et accompagner l’être en tant que sujet agissant, le long de son parcours de vie, avec son semblable et les autres êtres de la création.

La sacralité de la nature correspond au deuxième aspect. Le niveau de l’adhésion au principe de la sacralité de la nature va en grande partie déterminer la qualité de la relation de l’être avec son environnement, en tant que lieu de vie et source matérielle de vie.

La transcendance va répondre à la nécessité de l’ancrage cosmique de l’être, ainsi qu’à l’ouverture espérantielle de l’être.

Un ancrage adéquat apporte une solide assise essentielle. La transcendance permet à l’être de se poser, se justifier et s’orienter dans un univers immense et oppressant.

La transcendance doit aussi pouvoir donner sur une dynamique d’espérance ouverte et authentique, c’est-à-dire portée par le seul critère universel  noble et lumineux de la vertu.

La sacralité trouve sa pleine expression dans la dimension horizontale de l’existence. De nombreuses options de vie trouvent ici une solide assise : le respect, la solidarité, la tempérance, l’harmonie.

La transcendance a pour objet privilégié la dimension verticale de l’existence. La transcendance pose justifie et oriente l’être. La transcendance propose à l’être un horizon marqué par une relative finitude dans un univers réputé incommensurable.

La sacralité et la transcendance se situent au niveau des sphères les plus élevées et les plus subtiles de la conscience de l’être. La sacralité et la transcendance jouent un rôle prédéterminant  pour toutes les manifestations de la conscience.

La sacralité et la transcendance occupent une place de plus en plus réduite dans la vie actuelle  de l’humanité. Dans plusieurs régions du monde, on peut noter un décrochage très marqué de ces  deux dimensions de l’existence. A une dilution prononcée de la sacralité (sacralité de l’être et sacralité de la nature) s’ajoute une dilution importante de l’attitude de transcendance (ancrage cosmique de l’être,  dynamique d’espérance de l’être).

La valeur en crise : l’impasse de la démocratie

Le double décrochage explique en amont la profonde crise de la valeur qui semble caractériser chaque jour davantage une société actuelle en pleine dérive.

Le processus démocratique porteur de toutes les vertus se retrouve confisqué par une dynamique conventionnelle abusive et hégémonique, sous le règne sournois des puissants et des gouvernants. L’équité, la science, la justice sont régulièrement  bafouées.

La dynamique conventionnelle abusive se révèle incompatible avec la spiritualité, la transcendance, l’élévation, la liberté de conscience, l’objectivité intellectuelle.

Fondements spirituels de la crise de la société moderne : une double méprise

L’enlisement aveuglant de la dynamique hégémonique cannibale fait ressortir deux faits.

En premier lieu on peut noter un anéantissement de la profondeur et de la substance du champ cosmique. En second lieu, la projection, paradoxale et illusoire, de « l’audit post mortem »,

(FAIRE LE BILAN?) hors et en dehors du champ du parcours multidimensionnel de l’être.

En définitive, « la crise spirituelle de l’heure pourrait se résumer à la combinaison de la réduction du champ cosmique et de l’abolition de l’impact vertueux de l’audit post mortem. » Maximes de MBB SBB (la faillite spirituelle de la société moderne).

Tout ceci se traduit par :

 – une rupture de la verticalité (avec impact sur la vision du monde, le parcours de l’être, le point focal)

 – une rupture de la contrainte vertueuse (idéal de justesse, de respect, d’harmonie)

L’humanité se retrouve aujourd’hui meurtrie au bout de deux millénaires d’ignominie qui sont marqués par : un harcèlement culturel de l’altérité et un accaparement institutionnalisé de l’âme culturelle de l’altérité.

La mesure de l’indignation spontanée constitue un critère plutôt objectif pour l’évaluation du degré d’humanité d’une attitude individuelle ou collective.

Face à une ignominie devenue quotidienne, il va se manifester deux profils opposés de réactions premières et spontanées.

L’un des profils va correspondre à une indignation spontanée et systématique qui caractérise une attitude saine et naturelle. L’autre se traduira par une justification spontanée et systématique qui relève en général d’une approche discriminatoire et grégaire.

La responsabilité est hautement interpelée et impliquée dans ce moment social tendu et délicat. La responsabilité est perçue ici comme une valeur consciente mobilisatrice  qui émane de l’être individuel ou de l’être communautaire.

Un grand décrochage reflète la mutation profonde survenue au niveau de la sphère de la spiritualité. Il y a progressivement un passage de la relation au cosmos et à la source, de l’état de « connaissance » authentique et universelle*, à l’état de « croyance » conventionnelle et particulière.

La configuration de la sphère de la spiritualité de l’être va impacter sa perception de la responsabilité. La responsabilité se déploie à travers le prisme de la valeur consciente qui va se manifester en fonction d’une norme spécifique et appropriée.

La norme est le reflet de la valeur.

La valeur est le reflet des idéaux privilégiés.

Les idéaux privilégiés sont le reflet des dynamiques qui favorisent ou empêchent « la prospérité et la durabilité » à l’ensemble de la communauté.

Un léger aperçu sur quelques expressions fortes

Le vécu :

Voir et entendre permettent de mieux connaître. Le vécu est pour nous le produit de l’existence dans un « espace – temps » donné. La diversité des existences (individus), la diversité des « espace – temps » (moments de vie), conduisent nécessairement à une diversité des « vécus ». La diversité des « vécus » ouvre naturellement le champ à une diversité de « connaissances ». La diversité de « connaissances », dans un élan de convergence et de complémentarité, donne accès à une « connaissance globale », la « connaissance communautaire ». La connaissance communautaire présente un profil riche et inclusif (optimal, multicolore, polymorphe, enrichi de tous les apports) qui doit pouvoir faire écho à une vie communautaire épanouie.

L’expérimentation :

Longue pratique et expertise, permettent de mieux maîtriser. La connaissance mise en pratique à travers une valorisation par l’action et l’expérimentation, pourra aboutir à une expertise qui constitue un solide garant de la maîtrise. (voir + entendre ===> connaître ;  connaître + agir  ===> expertise ; expertise + pratique  ===> maîtrise)

La puissance :

L’accumulation maximale et l’hyper concentration sont les vecteurs privilégiés de la puissance. La possession maximale constitue l’objectif majeur. La possession maximale est considérée comme l’arme absolue contre toute éventualité de précarité. L’accumulation maximale et l’hyper concentration ici, impliquent nécessairement, la diminution maximale ailleurs (pour la grande majorité). L’épanouissement global de la communauté (comme idéal social) devient lointain. « La prospérité et la longévité pour tous » passe de l’idéal social communautaire (normal), à un mythe, une utopie.

L’hégémonie :

Le pouvoir et la dynamique conventionnelle abusive sont les clés de l’hégémonie. La pérennisation de la puissance fait appel à l’hégémonie. Domination, contrôle et mainmise sont le moteur de l’idéal social (avoué ou occulté). Compétition impitoyable, uniformisation, tonalité unique, exclusion exclusivité, unicité, primauté et excellence décrétées, font partie du riche arsenal de la « caisse à outils ».

L’option de la régulation sociale par la voie de  « la puissance et l’hégémonie » a conduit à la situation d’effondrement total qui mine le monde aujourd’hui. Le mirage de l’innovation enthousiasmante et éblouissante est devenu puissamment aveuglant.

Le retour salvateur à la norme éternelle du vivant (prospérité et longévité pour tous) doit être entrepris avec énergie et espérance. Le prix à consentir est celui d’une mutation profonde de la conscience dominante.

Perspectives : vers une spiritualité vivifiante

La présentation est faite de quelques  options éventuelles qui s’offrent comme éléments de choix, à travers le lien, le pont et le mur.

La religion authentique : elle offre

  • un lien interne
  • une compatibilité spatiale avec l’altérité
  • un respect mutuel avec l’altérité.

La religion cannibale : elle offre

  • un lien interne
  • une incompatibilité spatiale intrinsèque avec l’altérité
  • une édification de murs de confinement spatial et idéologique
  • un cannibalisme et ou anéantissement de l’altérité.

La spiritualité authentique : elle offre

  • une harmonisation de l’espace
  • une édification de ponts entre les courants religieux
  • une juxtaposition harmonieuse de toutes les nuances de l’altérité religieuse.

Conclusion

Toute projection vers l’extérieur d’une pensée religieuse tend spontanément à s’éloigner du noble principe de la verticalité.

Toute initiative de projection extérieure s’accompagne nécessairement d’une dynamique d’anéantissement de l’altérité religieuse endogène et légitime.

La spiritualité authentique ne saurait être l’objet d’une quelconque projection extérieure. La portée nécessairement universelle de toute spiritualité authentique, fait de celle-ci une source d’inspiration et d’enrichissement libre et facultative pour tous.

« Les actes non vertueux, mais posés comme norme dans le cadre d’une dynamique conventionnelle abusive doivent pouvoir trouver leur ferment dans la pensée religieuse et philosophique sous-jacentes. Les actes vertueux, posés comme norme dans le cadre d’une dynamique de régulation harmonieuse, doivent nécessairement trouver leur ferment dans le cadre de la spiritualité sous-jacente. »  Maximes de MBB SBB (vertu religion et spiritualité)

« L’intérêt de la dynamique conventionnelle abusive repose davantage sur la motivation que sur la valeur objective ou la valeur scientifique authentique. » Maximes de MBB SBB (la dynamique conventionnelle abusive)

« La dynamique conventionnelle authentique naît d’une motivation initiale, mais accorde un rôle prépondérant à la valeur objective et à la valeur scientifique. » Maximes de MBB SBB (la dynamique conventionnelle authentique).

P. s.  :

La connaissance authentique et universelle :

Elle repose sur deux faits majeurs.

  • Un axe central universel : fondement de l’être, ancrage de l’être et connexion de l’être à l’instant présent et à la source primordiale
  • Un axe secondaire spécifique : expression d’un élan d’intégration, d’identification et d’harmonisation au sein d’un espace affinitaire communautaire particulier. Il sert d’habillement, de parure, à l’axe central autour duquel il gravite, il s’enroule.