Certains lecteurs pourront s’étonner de trouver ici cet article
consacré au point de vue de la science moderne occidentale, une modalité de
connaissance qui, du point de vue traditionnel, est non seulement profane, mais
qui a également contribué à créer les conditions anormales dans lesquelles nous
vivons et qui, par son développement technologique, a entraîné la crise
systémique dans laquelle nous sommes plongés. Cependant, d’après Frithjof
Schuon ou Seyyed Hossein Nasr, entre autres, nous estimons qu’il faut
distinguer la valeur que la science a dans le domaine de la réalité qui lui est
propre – le domaine corporel tangible et mesurable – et le scientificisme,
cette idéologie (non scientifique) qui considère que seul ce que la science
moderne occidentale peut démontrer est crédible, et qui a donc le dernier mot.
Comme le montre Wolfgang Smith, le développement de la science moderne dans les
confins du monde matériel – de l’astrophysique à la physique quantique – a fini
par générer des preuves qui invalident le scientificisme, d’une manière
scientifiquement rigoureuse. Un processus qui a stimulé, ces dernières années,
de nouveaux dialogues féconds entre la science, la philosophie et la
métaphysique, et que nous pourrions commenter à une autre occasion.
Deuxièmement, il convient de faire la distinction entre la science occidentale
moderne tournée vers la connaissance, vers la découverte de parcelles ou
dimensions du monde matériel, et celle qui vise à générer des moyens
technologiques au service du contrôle et du pouvoir, et qui a fini par susciter
des tendances démesurées et autodestructrices, comme une sorte de reflet
externe de la destruction de l’intelligence provoqué par l’idéologie
scientificiste et sa dérivée : la technocratie. Ce qui est confirmé par le fait
qu’il y a toujours eu des scientifiques de premier plan qui sont, et ont été,
des personnes profondément religieuses ou spirituelles, des personnes qui ont
été capables d’intégrer, avec plus ou moins de sagesse, les découvertes
scientifiques émergentes aux cosmologies traditionnelles. Les sciences
physiques et naturelles en montrent plusieurs exemples : Johann Wolfgang von
Goethe, Albert Einstein, David Bohm, Erwin Schrödinguer, Henri Bortoft, Rachel
Carson, Ramon Margalef, Fritjof Capra, Jane Godall ou Carlos de Castro, pour
n’en citer que quelques-uns.
Néanmoins, ce que nous voudrions présenter dans cet article, c’est le
diagnostic que la communauté scientifique mondiale propose, depuis près d’un
demi-siècle, concernant les tendances globales et les pronostics qu’elle
formule sur les fortes probabilités selon lesquelles, si les tendances dominantes
se poursuivent, elles nous entraînent dans un effondrement global. Étant donné
que la science moderne est une construction communautaire qui se développe et
se déploie à partir de la critique que les scientifiques eux-mêmes font des
hypothèses et des théories, nous le ferons à partir de déclarations
d’organisations considérées comme représentatives de l’élite scientifique
mondiale et qui conservent un prestige indiscutable à ce jour.
La crise écologique mondiale peut être décrite – dans le domaine physique – comme un ensemble de
processus de croissance exponentielles qui interagissent entre eux de manière
extrêmement complexe et difficilement prévisible, qui produisent des effets de
portée planétaire, nombre d’entre eux d’incidence cumulée et irréversible, des
effets qui, depuis quelques décennies, dépassent déjà la biocapacité de la
Terre. Des processus comme l’augmentation exponentielle de l’extension des
terres arides et désertes, de l’érosion et de la dégradation des sols
agricoles, la destruction des forêts tropicales, la surexploitation des
pêcheries en haute mer, l’annihilation d’espèces et la destruction d’habitats
et d’écosystèmes, la perte de races et de variétés domestiquées, les émissions
ou affluents polluants, les radiations toxiques, et tant d’autres… avec
d’innombrables synergies dynamiques, l’impact conjoint desquels a des effets
qui, depuis 40 ou 50 ans (d’après les indicateurs utilisés) poussent à
l’extrême les systèmes d’autoréglementation homéostatique de l’atmosphère, de
la biosphère et de l’hydrosphère. Les systèmes terrestres se maintiennent dans
un équilibre organique et dynamique qui fluctue au sein de seuils très
spécifiques, comme c’est le cas pour le corps humain. À l’intérieur de ces
seuils sont réunies les conditions physiques exceptionnelles qui rendent
possible ce prodige qu’est la vie sur Terre, ou plutôt la Terre vivante, la
Gaïa organique.
Premier avertissement des scientifiques à l’humanité
Le premier avertissement de l’élite scientifique à l’attention de l’humanité a
été émis le 16 juillet 1992 par quelque 1700 éminents scientifiques du monde
entier, dont la majeure partie étaient des prix Nobel en Sciences de la Vie,
ainsi que les présidents des académies et instituts scientifiques les plus
prestigieux de la planète. L’Avertissement a été mené par Henry Kendall, prix
Nobel et président de l’Union of Concerned Scientists, une organisation de
scientifiques engagés dans le bien commun. Sous le titre solennel de Warning
to Humanity, le manifeste avertit que « les êtres humains et le monde
naturel se trouvent dans une course vers la collision. Les activités humaines
causent des dommages graves et souvent irréversibles à l’environnement et à des
ressources d’importance critique. Si elles ne sont pas modifiées, de nombreuses
pratiques actuelles créent un risque majeur pour l’avenir que nous souhaitons
(…) et peuvent aller jusqu’à bouleverser le monde vivant à tel point qu’il
sera incapable d’assurer la vie telle que nous la connaissons aujourd’hui. Des
changements fondamentaux s’imposent si nous voulons éviter la collision que
notre course actuelle entraînera ». Ce manifeste scientifique,
probablement le plus important émis par la communauté scientifique au cours du
vingtième siècle, a obtenu peu d’écho, car il a été censuré par les grandes
corporations médiatiques.
L’importance de cette déclaration ne réside pas seulement dans le contenu (peu
différent, au fond, d’autres documents issus du Sommet de la Terre) mais
surtout dans sa paternité. Depuis la révolution scientifique du XVIIe siècle,
la science moderne avait réitéré la promesse d’un monde meilleur grâce aux
progrès technologiques continus et de plus en plus spectaculaires. À partir des
années 1970 cependant, lorsque la crise écologique et humanitaire a pris des proportions
globales, les preuves contraires sont devenues irréfutables. Les scientifiques
les plus lucides et les plus honnêtes ont renoncé à cette croyance selon
laquelle tout problème pourrait avoir une « solution technique ».
Le développement scientifique contemporain, dans des domaines tels que la
biologie, l’écologie ou la physique des systèmes, a contribué à dégonfler le
désir de l’optimisme technocratique. Selon Huston Smith, le positivisme
réducteur a touché le fond. En 1992, avec des décennies de retard, l’élite
scientifique mondiale a consenti à admettre, sans avoir le courage moral de
l’avouer, certaines des critiques les plus radicales du progrès technologique
moderne, comme celles formulées en 1966 par le philosophe, physicien et
métaphysique iranien Seyyed Hossein Nasr, qui exposait clairement les causes
philosophiques et spirituelles de la crise écologique mondiale.
Évaluations globales de l’ONU
Entre 2001 et 2005, l’ONU a lancé l’Évaluation des Écosystèmes pour le
Millénaire, qui serait achevée en 2005, et quelques années plus tard,
l’évaluation du Suivi des changements intervenus entre les sommets de Rio et
de Rio+20 (1992 et 2012). L’évaluation des écosystèmes pour le
Millénaire a été l’effort scientifique le plus important réalisé jusqu’à présent,
pour mesurer, documenter et évaluer les tendances mondiales. À la différence
des évaluations antérieures, il a exploré la relation entre les services rendus
par les écosystèmes et le bien-être humain ; il a analysé les conséquences des
changements de nature sur l’humanité et a établi les bases scientifiques
d’identification des actions nécessaires à l’amélioration de la conservation
des écosystèmes. Lorsque son directeur, le Dr Jeffry Sachs, a présenté les
résultats à l’Assemblée générale des Nations Unies en 2006, il a conclu :
« L’ignorance, les mauvaises priorités et l’indifférence mènent le monde
droit à la catastrophe. »
Lors du Sommet de la Terre de 1992, il a été convenu que les tendances
mondiales seraient évaluées tous les 10 ans, afin de déterminer les corrections
à apporter aux politiques environnementales internationales envisagées. Au
terme de la deuxième décennie, à savoir un délai raisonnable pour évaluer si
les tendances non durables avaient pu être corrigées, les résultats ont à nouveau
été présentés à Rio de Janeiro. Voici quelques indicateurs des tendances
mesurées proposés entre 1992 et 2012 :
Au cours de ces deux décennies, la population mondiale a augmenté de 26 %,
dépassant les 7 milliards d’individus ; la proportion de la population urbaine
a augmenté de 45 %, dépassant pour la première fois dans l’histoire la
moitié de l’humanité. L’accroissement de la population, associé à
l’augmentation de la consommation dans une partie de l’humanité, explique que
l’extraction de matériaux de construction ait augmenté de 80 % et celle de
minéraux industriels de 60 %. Parallèlement, la consommation mondiale de
viande augmentait de 26 % et celle de poisson de 32 %.
Sur la même période, la surface des déserts a augmenté de 1 % par an, les
tempêtes de sable et de poussière de 10 %, ce qui a conduit à une
augmentation de près de 50 % de la part de la surface terrestre considérée
comme vulnérable. De plus, l’émission globale de gaz à effet de serre a
augmenté de 36 % et, en conséquence, la température moyenne mondiale a cru
de près d’un demi-degré Celsius, avec des niveaux allant de 0,1 º C à 3,2 º C selon la
latitude. Les calottes polaires ont réduit de plus d’un tiers la surface du
maximum de la banquise, le niveau des mers est monté de 5 cm et l’acidité
de l’eau des océans a augmenté de 0,05 pH, ce qui représente une grave menace
pour la survie de nombreux écosystèmes, en particulier les coralliens et toutes
les populations qui y sont associées.
Au cours de la même période, la superficie mondiale des forêts a été réduite de
300 millions d’hectares, en particulier dans les forêts tropicales, les plus
biodiversifiées au monde. L’indice Planète Vivante (qui mesure la biodiversité
mondiale à partir d’un indicateur de 2500 espèces vertébrales) a chuté de
12 % sur cette période et on estime qu’entre 20 000 et 300 000 espèces
disparaissent chaque année. La proportion d’espèces en danger ou menacées
d’extinction était de 34 % chez les poissons ; de 40 % dans les
amphibiens ; de 20 % chez les reptiles ; de 25 % chez les mammifères
et de 10 % chez les oiseaux. Le pronostic, si l’on suit les tendances,
était qu’à la fin de ce siècle, la moitié de toutes les espèces de la Terre
auraient été anéanties.
Tous ces changements ayant eu lieu, rappelons-le, au cours des vingt années
ayant suivi le premier Sommet de la Terre, après avoir adopté des traités
internationaux aussi importants que l’Agenda 21, la Convention sur le climat ou
celle sur la biodiversité, ratifiés par la plupart des États du monde, et après
que la plupart des pays aient créé et encouragé des politiques
environnementales.
Deuxième avertissement à l’humanité – 2017
Au vingt-cinquième anniversaire du premier « Avertissement à l’humanité »,
plus de 17 000 scientifiques du monde entier se sont mis d’accord sur un
« Second Avertissement » dans
lequel ils évaluaient la réponse au premier, analysaient les données des séries
temporaires disponibles, et constataient que, à l’exception de la stabilisation
de la couche d’ozone stratosphérique, les autres grands défis environnementaux
mondiaux dénoncés à l’époque avaient fortement empiré. Ils soulignaient la
tendance potentiellement catastrophique du changement climatique en raison de
l’augmentation des gaz à effet de serre, de la déforestation et de l’élevage
intensif, ainsi que la vague d’extinction massive de la biodiversité. Ils
réclamaient « des mesures immédiates comme impératif moral pour les générations
actuelles et futures » et concluaient ainsi : « Pour éviter la misère
généralisée et la perte catastrophique de biodiversité, l’humanité doit
pratiquer une alternative plus durable à l’environnement que l’économie
actuelle. Cette recette a été bien articulée par les scientifiques les plus
importants au monde il y a 25 ans, mais, pour la plupart, nous n’avons pas tenu
compte de leur avertissement. Il sera bientôt trop tard pour abandonner le
cours de notre parcours manqué et le temps nous est compté. Nous devons
reconnaître, dans notre vie quotidienne et dans nos institutions
gouvernementales, que la terre et toute sa vie est notre seul foyer ». Certains
signataires importants du premier avertissement à l’humanité n’ont pas voulu
signer le second, car ils étaient en désaccord avec le pronostic final, dans le
sens où ils considéraient qu’il était déjà trop tard pour éviter l’effondrement
et que nous devions nous préparer à y faire face, à savoir concentrer les
efforts sur les politiques palliatives et adaptatives.
Causes politiques et économiques de la crise systémique
Même si ce n’est que de manière concise, il faut mentionner l’analyse que les
sciences sociales font des causes politiques et économiques de la crise
systémique. La mondialisation accélérée du commerce provoque une volatilité et
une vulnérabilité croissante de l’économie. La domination de l’économicisme,
qui a engendré une économie financière, spéculative, de plus en plus concentrée
entre les mains de quelques-uns, détruit l’économie réelle. L’industrialisation
accélérée de l’agriculture et de l’élevage a appauvri la diversité agricole, a
fait perdre à la plupart des pays leur résilience, sécurité et souveraineté
alimentaire. La subordination accélérée des pouvoirs politiques aux pouvoirs
tactiques, qui opèrent à travers des obstacles technocratiques, a réduit
l’exercice de la démocratie et de la liberté d’information. Le développement de
mécanismes de prise de décision de plus en plus ambigus, longs et complexes
rend difficile la transparence, l’évaluation et la reddition de comptes et
facilite la corruption et les actions impunies des groupes d’intérêts. Enfin,
la prolifération des guerres pour le contrôle des ressources essentielles
(énergie, minerais, aliments et hydriques) couplée à la prolifération des armes
nucléaires dans des pays instables augmente les risques et crée des situations
d’injustice et de vulnérabilité de plus en plus graves et complexes.
Bref, en termes absolus et au niveau mondial, depuis le Sommet de la Terre de
1992, on a constaté des augmentations significatives de la faim et de la misère,
des génocides, des migrations et des réfugiés (à cause des guerres, de la faim,
de l’oppression politique ou des changements climatiques), de la perte de la
biodiversité, de la désertification, des inégalités dans la distribution des
biens matériels – entre pays et au sein de la plupart des pays – qui ont accru
la polarisation, les tensions, la fragilité et la vulnérabilité globales. En
d’autres termes, nous avons poursuivi dans une direction qui nous mène vers un
monde « incapable de soutenir la vie sous la forme que nous lui
connaissons aujourd’hui ». Les activités humanitaires menées par
d’innombrables organisations bénévoles et missionnaires destinées à aider les
plus démunis, héroïques et méritoires, ont aidé à sauver des millions de vies
humaines, mais elles n’ont pas pu modifier les causes structurelles de cette
situation, ni les tendances qu’elles engendrent. Ces phénomènes ont accru les
catastrophes naturelles, les investissements dans l’armement, les pulsions
sociales destructrices et évasives à grande échelle, ainsi que les
manifestations artistiques apocalyptiques, particulièrement ostentatoires dans
la musique, la peinture et le cinéma.
Conclusion
Depuis plus de trente ans, il existe un large consensus au sein de la
communauté scientifique mondiale selon lequel les tendances mondiales
dominantes sont intenables et qu’elles nous poussent vers l’effondrement
écologique mondial. Les multiples indicateurs d’extinction des espèces, de
destruction des écosystèmes, d’expansion des déserts, d’effondrement de la
pêche, de crise climatique, etc. sont de plus en plus complets et
incontestables. Les termes des pronostics sont de plus en plus clairs. Et
lorsqu’ils parlent en privé, leurs rédacteurs affirment souvent que la
situation et les tendances sont pires que ce qu’ils ont fini par rendre public.
Il existe un consensus scientifique général selon lequel les solutions ne
peuvent pas être purement techniques, mais demandent des changements radicaux
de valeurs et de modèle de société. Les changements peuvent être déclinés de
plusieurs manières : solutions basées sur la nature, économie sociale ou
circulaire, gouvernance communautaire, sciences et sages traditionnels, etc. Et
elles se produisent déjà, dans d’innombrables endroits du monde, à des échelles
communautaires ou locales, mais elles sont impuissantes pour l’instant à
freiner l’accélération des tendances destructrices mondiales.
Le consensus scientifique sur le diagnostic et le pronostic de la crise
écologique globale, explicité dans la terminologie de la science occidentale en
1992, s’est étendu et confirmé depuis. Les rapports des panels de l’ONU sur la
biodiversité ou le changement climatique le documentent régulièrement avec des
données de plus en plus précises et détaillées, plus fiables, et chaque
nouvelle édition constate des détériorations et formule des prédictions plus
graves. Les tendances globales dominantes évoluent vers la non-durabilité, très
rapidement, les risques se multiplient, la vulnérabilité augmente de manière
exponentielle, et les dénouements catastrophiques sont si probables que la
gestion de l’effondrement, par la réduction ou l’adaptation, est l’un des
domaines scientifiques les plus prometteurs.
L’arrêt partiel dû aux mesures prises pour freiner l’expansion de la Covid-19 n’a
presque pas altéré les tendances mondiales non durables. La perception et la
conscience que nous sommes en train de vivre dans une crise systémique, que la
santé humaine dépend de la santé de la Terre, et que le paradigme de la
modernité est en crise, se généralise, malgré la propagande du système qui
insiste sur la volonté de faire croître l’économie et la consommation,
convenablement empoisonnés. Contrairement à l’optimisme technocratique, les
dirigeants les plus lucides de la planète (religieux, scientifiques ou
politiques) répètent qu’il faut des changements radicaux de conscience, de
valeurs, d’institutions et de modes de vie, qui permettraient une transition
rapide vers une vie beaucoup plus frugale et solidaire, si l’on veut inverser
les tendances à l’effondrement écologique. L’encyclique Laudato si’,
publiée il y a cinq ans, en est un témoignage clair et éloquent.
Comme le dit la « Charte de la Terre » approuvée par l’ONU en 2000 : « Nous
sommes à un moment critique de l’histoire : soit nous créons une société
mondiale pour prendre soin de la Terre, et nous prenons soin les uns des
autres, soit nous risquons de nous détruire nous-mêmes et la diversité de la
vie. » C’est pourquoi il recommandait « d’apprendre à vivre avec révérence
devant le mystère de l’être, avec gratitude face au cadeau de la vie et avec
humilité quant à la place que l’homme occupe dans la nature ».
Pablo Servigne, Raphaël Steven et Gauthier Chapelle, auteurs français qui ont
popularisé le champ transdisciplinaire de la collapsologie en 2015 – surtout
dans les pays francophones – ont écrit un second ouvrage, trois ans plus tard,
où ils envisagent une « collapso-sophie », c’est-à-dire un changement
intérieur, spirituel, permettant à la société de développer des valeurs de
fraternité, de coopération et d’altruisme, afin de vivre l’effondrement et pas
seulement d’y survivre.
Fritjof Capra – physicien et philosophe contemporain – le
formulait ainsi : « En définitive, la conscience écologique profonde est
la conscience spirituelle. Lorsque le concept de l’esprit humain est compris
comme le mode de conscience dans lequel l’individu a un sentiment
d’appartenance ou de lien au cosmos en général, il est clair que la conscience
écologique est spirituelle dans son essence la plus profonde. Par conséquent,
la nouvelle vision émergente de la réalité, basée sur une conscience écologique
profonde, correspond à ce que l’on appelle la philosophie pérenne des
traditions spirituelles ».
Références
Fritjof Capra (2014) The Systems
View of Life: A Unifying Vision. Cambridge University Press. https://doi.org/10.1017/CBO9780511895555
Seyyed Hossein Nasr (1996) Religion and the Order of Nature. Oxford Scolarship online. DOI:10.1093/acprof:oso/9780195108231.001.0001
Pablo Servigne, Raphaël Steven et Gauthier Chapelle (2018) Une autre fin du monde est possible. Vivre l’effondrement et pas seulement y survivre. Ed. du Seuil, col. «Anthropocène»
UNESCO – ONU (2000). Charte de la Terre. https://www.earthcharterinaction.org/
UNEP (2003) Evaluations des écosystèmes pour le Millénaire. http://millenniumassessment.org/fr/index.html
UNEP(2012)Keeping track of our changing environment. From Rio to Rio+20 (1992-2012).https://sustainabledevelopment.un.org/content/documents/212Keeping_Track_UNEP.pdf
Union of Concerned Scientists (1992) Warning to Humanity. http://www.ucsusa.org/about/1992-world-scientists.html#.VaFR3rVGQg0.