Si on s’en tient aux écrits du savant sénégalais CHEIKH ANTA DIOP qui a relevé « l’unité culturelle de l’Afrique noire » dans son livre qui porte le même nom, le système de gestion social des communautés d’Afrique avait pratiquement les mêmes fondements avant le commerce triangulaire que la colonisation a suivi. Ce système de gestion dont une des variantes est appelée MBOG chez les Bassa du Cameroun est un mélange harmonieux de tous les savoirs être et savoirs faire spirituel, philosophique, scientifique … qui ont été synthétisés et codifiés depuis la nit de temps et transmis de génération en générations dans le seul but de maintenir en équilibre, la diversité des êtres qui composent les grands ensembles. Dans cette entreprise, la gestion des communautés humaines composées d’individus divers se présente comme un grand point du menu fractal qui va de l’individu avec ses composantes propres au grand royaumes en passant par le cercle familiale père – mère – enfants.
En général, le MBOG considère l’individu et sa communauté comme formant un système lié où l’un n’existe que parce que l’autre est. L’un étant fait pour prendre soins de l’autre. Ce ci explique le lien très étroit que l’individu entretien avec la communauté. La connaissance de l’individu permettant d’identifier la communauté à laquelle il appartient, et vice versa.
Dans la relation qui lie l’individu à la communauté, c’est la capacité de l’un à pouvoir régénérer l’autre qui établie son importance relative et détermine le sens de leur inter dépendance. A ce titre, le MBOG note la primauté de la communauté sur l’individu, parce qu’il présume que la communauté précède à l’individu et que c’est elle qui lui offre tout le matériel physique et spirituel qui constitue sa particularité dans l’ensemble où il évolue, et dont il est appelé à soigner et à entretenir le profile. Le MBOG exprime cette primauté chaque fois que l’occasion se présente. En plus, le MBOG désigne la « communauté » par son propre nom « mbↄg », pour dire qu’elle est une entité intelligente capable de s’auto réguler, et porteuses de pouvoirs réels.
L’équilibre de la communauté est d’une stabilité infinie, si on la ramène à l’échelle de la vie d’un individu : (mbↄg ĭ màl Ҍéé). L’équilibre de la communauté ne peut être entamée qu’après plusieurs générations d’individus (mbↄg ì kwↄg, tjàï dí sámàl) au bout des quelles la communauté se redéploye dans un nouvel équilibre : (mbↄg ì kwↄg, mbↄg ì ɲↄdag).
Dans son entreprise de régulation sociale, le MBOG fait taire les convenances des individus lorsque celles-ci peuvent heurter directement ou pas, de près ou de loin, l’équilibre de la communauté. A cet effet, il peut aller jusqu’à modifier l’anatomie des individus, pour éliminer une potentielle menace de la trajectoire de la communauté. Le MBOG s’attèle sans hésiter à mettre sur le banc de la communauté ou à bannir tout court, tout individu qui pour son épanouissement personnel, bafoue les règles qui se soucie de l’intérêt général. On comprend dès lors pourquoi il est psychologiquement difficile voir un drame pour les communautés du MBOG d’abandonner un certain type de pratiques dénoncées par d’autres communautés qui ont une vision du monde et une orientation différente que la leur. Le problème de la circoncision et celui de l’excision pratiqué dans bon nombre de sociétés traditionnelles porte la marque de cet équilibre entretenue entre le bien être de l’individu et l’intérêt de la communauté.
De nos jours, le MBOG est confronté à la marée d’individus, qui a le sentiment d’étouffer dans les limites que lui impose le moule de la communauté jugé très étroits et dont les uns et les autres voudraient s’émanciper pour affirmer librement leur individualité. Le MBOG prend alors soins de ne pas contraindre les individus à vivre et à se comporter selon les lois trop éloignées de na nature humaine, il évite des postures rigides telles que ceux qui ne respectent pas tout ce qui est promues au rang de lois sociales, sont punis d’exclusion de la communauté à laquelle ils ne peuvent réintégrer qu’en renonçant à leur condition humaine.
En même temps le MBOG souffre la douleur du drame de ceux qui ont expérimenté la vie au-delà du cadre communautaire, et qui moissonnent le déséquilibre des écosystèmes, la disparitions des milliers d’espèces des divers biotopes, la promotion de l’isolement des individus par la prolifération des terminaux électroniques qui petit à petit, multiplient le nombre d’individus solitaires et autres extrémistes, qui vivent comme des fauves prêt à se livrer à toutes les pratiques interdites par la communauté.
Dans tous les cas, les communautés que le MBOG arbitre sont gérés dans le sens de produire les individus à leur image, les contenir autant que faire se peut dans la communauté avec leurs caractères humains les plus primaires mais une communauté orienté vers un idéal que ses individus s’efforcent de poursuivre.